Charles Bukowski

 

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POEMES DE BUKOWSKI

 

 

 

 

 

             JEUNE à NEW ORLEANS

 

Crever de faim là-bas, faire la tournée des bars,

et à la nuit tombée marcher dans les rues

pendant des heures

la lumière de la lune me semblait toujours artificielle

et peut-être qu’elle l’était

et dans le quartier français je regardais

les chevaux et les buggys qui passaient,

plus sur l auteur?tous étaient assis en hauteur dans les carrioles ouvertes

le conducteur noir, et,

à l’arrière l’homme et la femme,

jeunes en général et toujours blancs

Et j’étais toujours blanc

et difficilement séduit par le monde

La Nouvelle Orléans c’était pour se cacher

je pouvais foutre ma vie en l’air

on me foutait la paix

A part les rats

les rats dans ma petite chambre sombre

qu’ils n’appréciaient pas du tout de devoir partager

avec moi

Ils étaient gros et n’avaient peur de rien

et ils me fixaient avec des yeux

qui me vouaient

une mort

implacable.

 

 

 

 

 

 

 


une des plus belles lignes de Lorca :

            ‘’l’agonie, l’agonie

            toujours’’

            pense à cela quand tu tues un cafard

            ou que tu prends un rasoir pour

            te raser

 

            ou le matin quand tu t’éveilles

            pour

            faire face au

            soleil

 

 

 

 

 

 


L’hiver sur mon

            plafond mes yeux gros comme des réverbères.

            J’ai quatre pattes comme une souris mais

            je lave mes propres sous-vêtements à barbe j’ai

            la gaule, la gueule de bois et pas d’avocat.

            J’ai la tête en gant de toilette. Je chante

            des chansons d’amour et je soulève de l’acier.

            Je préfèrerais mourir que de pleurer. Je ne peux pas

            blairer les cabots je ne peux pas vivre sans eux.

            Je colle ma tête au réfrigérateur blanc

             et j’ai envie de pousser un cri comme

            on pleure les dernières larmes de sa vie, à jamais mais

            je suis plus grand que les montagnes.

 

 

 

 

 


             IL Y A UN ROSSIGNOL…

 

Il y a un rossignol bleu dans mon cœur

qui veut sortir

mais je suis trop fort pour lui

je lui dis

reste là

je ne laisserai personne

te voir

 

Il y a un rossignol bleu dans mon cœur

qui veut sortir

mais je l’arrose de whisky

et de fumée de cigarettes

et les putes, les patrons de bar

et les épiciers

ne sauront jamais qu’il

est là

 

Il y a un rossignol bleu dans mon cœur

qui veut sortir

mais je suis trop fort pour lui

je lui dis reste tranquille, qu’est-ce que tu veux, foutre le bordel

en moi

tu veux foutre en l’air mon travail ?

tu veux bousiller mes ventes de livres en Europe ?

 

Il y a un rossignol bleu dans mon cœur

qui veut sortir

mais je suis trop intelligent, je ne le laisse dehors

que certaines nuits

à l’heure où tout le monde dort

je lui dis, je sais que tu es là,

alors ne sois pas si

triste

 

et puis je le fais rentrer

mais il chante encore un peu

à l’intérieur ; je ne laisse presque pas

mourir

et on dort ensemble comme

ça

avec notre

pacte secret

et c’est assez agréable de

faire pleurer un homme, mais moi

je ne pleure pas

et toi ?

                                                       

                                                                                    Traduction S. Druet

                                                                                 © Linda Bukowski

                                                                                    Black Sparrow Press

 

 

 

 

 

 


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