Jack Hirschman, The Xibalba Arcane (extraits)
Le vers émerge à la
surface de nos jours, jette un coup d’œil
et replonge. Un bras de
squelette entaillé, sa main tendue qui secoue les éclats
explosés de trois comètes crâniennes Si seulement nous
pouvions faire comme eux, nous faire tout petit et
ramper à l’intérieur de nos propres sarbacanes. Imagine qu’on ait
vraiment continué ce jeu : la balle qui tape des hanches aux
fesses et des fesses aux épaules comme pour abreuver
de sang la terre- les tunes et les
katunes, les chevrons et les chauve-souris, et aussi les
Chauve-souris, et les Jaguars les Scorpions les Rasoirs Les Laves d’ouragan
et les Eclats d’Obsidiane. Le cœur à peine
expulsé de sa cage, la Mort lui arrache les dents
et leur fait danser des claquettes. C’est ce que j’aime
aussi dans le bras désarticulé qui tressaute pour retrouver son
épaule au réveil ; Ou quand j’erre sans tête pour me l’être retournée sur la nuque sous les acclamations de la foule ;
Ou quand je me
vois, chien crevé, précipité en bas d’un canyon où sentir le
mouillé de sa langue comme une feuille
d’agave qui se pose sur ma joue au lit, avec ses
bâillements denteux et la béance bâtarde de sa bouche ridée comme le
corps du vers à l’intérieur d’une bouteille de mezcal qui
m’engloutit dans les profondeurs de Xibalba
Le nom des rues, de
toutes : Argent. Avant toute chose.
Donc, on se fout que Jack Morris aille du
Minnesota à Toronto, même s’il vient juste
de lancer le jeu le plus classique de l’histoire
moderne du Minnesota. Il n’y a pas de
Minnesota pas de Toronto. Il est allé de
l’Argent à l’Argent. Et on se fout des
je m’appelle Jack, et mon grand-père
s’appelle Morris, et j’ai quitté New
York pour San Francisco. Ou des j’habite San
Francisco. Il n’y a pas de
New-York pas de San
Francisco. C’est la même chose que le Minnesota ou
Toronto. C’est l’Argent. Jack Morris est
allé de l’Argent à l’Argent. Même passée la
frontière. C’est ça le nouvel
ordre mondial : la neige tombée
pour blanc mouton, la mort crevant
d’envie de manger de misérables os à moelle, la bouffe couleur
hémoglobine. Le rasoiraiguisé
froid lacère les chiffons
portés jusqu’aux haillons. Ces sacs que nous
chargeons sur nos épaules. Encore. Comme des
centaines de milliers de fourmis
découvrant des grains de maïs en miettes dans les
hydrocarbures après des siècles d’une vie
souterraine de microbes écrasés. Les guêpes
s’attroupent autour des flaques croupies. La folie de la
décennie est ligotée à l’arbre. On a enlevé les
taches de la jaguar qui sans elles paraît
plus sale. Il était
complètement à plat en face du Hungry I, en sang (ou était-ce le
Bleeding I, famélique), viré par le garçon,
et la poulette en filet de pêche qui regardait si
elle voyait pas un flic en haut de la rue. Sois un bon
passant, fais le tampon d’ouate, emmène-le
au coin de la rue dans les toilettes
du Saloon qu’il puisse nettoyer tout ce sang Il a cent balles
sur lui et une carte de retrait noire B de A il peut remonter la
rue cahin-caha jusqu’au distributeur retirer de
l’argent. Des années plus tard, connaissant le
plein et ne croyant en rien il est devenu une
bouteille de vodka à l’intérieur d’un coffre de velours à l’intérieur d’une
valise portée par son propre fantôme gisant à côté des
parties détachables d’une queue de billard frottée de craie
bleue, au bout. 3. Les glyphes, les
glyphes, à présent je comprends leur secret! Les corpuscules de
l’invisible peau accrochée aux os des squelettes des siècles. O, quelle danse,
quel rêve, quel tourbillon, tournant
Une paume peut
abriter une prairie, En vérité je suis
monté jusqu’au sommet de ton tourment et ma vie en mots a
commencé C’est une grande
joie. Je peux rester
tranquillement assis, ils diront que je vais et viens partout Je peux aller si
vite que les oiseaux mêmes n’y croiront pas, en moins d’un clignement je
bondis de la seconde à la dixième, Voilà ma présente
sérénité. Parce que chaque
parcelle de moi se souvient d’où j’appartiens Où j’étais rêvé
avant d’être écrit. Où j’étais brûlé,
réduit en cendres, et où mon -xcriban- s’est tué avec un
couteau d’obsidiane parce que
l’holocauste des textes de loi l’avait rendu fou. O je pourrais révéler
un scoop une ou deux choses sur le temps, je pourrais.
Comment nous l’exploitions, et comment nous mangions, nous dormions nous baisions avec
lui partout, au point que l’espace lui-même
_c’était lui_ oui, un quignon dans notre sac-à-dos une morsure du
soleil dans notre sac. Si c’était
seulement cette nuit si c’était
simplement cette nourriture et si c’était
plutôt ce souffle
Pendant ce temps, la marche : ce qui commence toujours quand le soleil se couche : Elle, un squelette
tout entier engoncé dans la chair et le sang, Du satin
par-dessus, les lèvres de cuir de ses Grandes bottes
noires, Un kinkajou
(regarde-le !) Elle contemple son
squelette, essayant De le faire sortir,
de le cracher, de l’expulser ; pendant ce temps Elle s’en va écrire
la nuit à travers les rues de The Loin, Elle s’appelle
Happy Cahn, c’est un serpent suceur Qui attire à elle
les hommes à la force du souffle ; Elle
chantonne : Que font des germes
noires Sur un sol
blanc ? |